Photo A. Morain

Biographie
(établie sur la base des recherches de Robert Fleck)
 
 
 

1930: Naissance de René Brault, le 21 novembre à Charenton près de Paris, non loin de la maison natale de Delacroix. Deuxième fils d'une famille originaire de l'ouest de la France (Vendée et Poitou).

1945-1946: Commence à fréquenter plusieurs écoles d'art dont l'école Boulle.Travaille deux ans comme dessinateur publicitaire, chargé des campagnes et de la conception des affiches.

1947: Habitant rue Gabrielle à Charenton, entend à plusieurs reprises les imprécations et les cris qu'un homme hurle par la fenêtre. Il apprendra plus tard que se sont ceux d'Antonin Artaud. L'appartement de Paule Thévenin où celui-ci a trouvé refuge à sa sortie de l'hôpital psychiatrique  se trouve presqu'en face de la maison des parents de Brô. Après la mort d'Antonin Artaud, il sera introduit par son ami Bernard Rousseau dans ce cerle où se rencontrent des personnalités marquantes des courants indépendants du surréalisme de l'après guerre: hommes de lettres, peintres, comédiens y voisinent, parmi lesquels Jacques Herold, Bryen, Adamov, Michel Leiris, Alain Cuny, Roger Blin.

Rencontre Micheline Breuil qui deviendra sa femme.

Premières œuvres personnelles dont on ait gardé la trace.

1948 : Fréquente assidûment le Musée de l'Homme où il étudie l'art primitif, plus particulièrement précolombien et indien de la côte nord-ouest. Se rend aussi souvent au Musée du Louvre, où il s'attarde dans le département d'art égyptien.

Fait de la céramique avec ses amis Bernard Rousseau et Jacques Arland dans l'atelier de la sœur de Paule Thévenin, impasse des Sureaux à Saint-Maurice. Les œuvres de cette période, céramiques, dessins et toiles, sont proches de Klee ou de l'art brut que fera connaître Dubuffet. S'adonne à l'écriture phonétique et commence à signer "Brô". Il s'intéressera plus tard aux actions des lettristes tels qu'Isou et Dufrêne; aux œuvres d'Alfred Jarry, Raymond  Roussel, Tardieu, Vian, Queneau, Hains et fréquentera le collège de Pataphysique, auquel il aurait sans doute adhéré si Vian n'était mort prématurément.

En décembre, réalise avec Bernard Rousseau une crèche pour l'Eglise de Charenton qui suscite un article dans "Art", le journal d'art le plus important de l'époque avec les Lettres françaises: "Le peuple de Charenton veut brûler sa crèche de Noël".

1949 : En Mai, première exposition de groupe galerie Mai, rue Bonaparte à Paris "L'art et la vie quotidienne" , organisée par Adam Saulnier. Expose, ainsi que ses amis Jacques Arland et Bernard Rousseau, des sculptures et des céramiques. Peintures de Braque, Buffet, Desnoyer, Gromaire, Humblot, L. Lautrec, Léger, Lhote, Lorjou, Picasso, Pignon, Fougeron. Tapisseries de Coutaud, Lurçat, Saint-Saens. Meubles de Perriand et Aalto...

Voyage à  pied en Italie avec Micheline Breuil et Bernard Rousseau. Séjour en Toscane. Rencontre Alain de Christen qui les introduit à la villa Fabricotti (résidence pour étudiants en art), où ils logent au fond du parc dans une chapelle désaffectée. Brô exécute sur les murs quelques peintures à la détrempe. Ils rencontrent le peintre autrichien Hundertwasser avec lequel il se liera d'amitié, l'architecte colombien Salmona, Suzanne Klochendler, future assistante de François Truffaut, le violoniste Servanski, élève de Bartok qui leur fait découvrir les dernières œuvres du maître. Au départ de Florence, Hundertwasser, ainsi que pour un temps Suzanne Klochendler et Alain de Christen, puis le peintre tachiste américain Noris Humphrey, se joignent au groupe. A Sienne, ils fréquentent l'académie de musique Chiggi, rencontrent le flûtiste Raymond Meylan puis le compositeur John Cage. Il visitent Ravenne, Arezzo et les tombes étrusques de Tarquinia. A Rome, ruinés par l'achat des reproductions d'art Alinari, ils tirent au sort le billet d'entrée à la chapelle Sixtine que tous veulent voir. Brô est l'heureux gagnant. À Rome aussi, rencontre avec Giorgio di Chirico qui  déconcerte Brô en ne lui parlant que de Fragonard. Le voyage se poursuit jusqu'en Sicile. A Taormina, ils logent  dans une villa en ruine abandonnée à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale. Hundertwasser et Brô y peignent sur les murs en employant des sucs végétaux et des terres qu'ils ramassent aux alentours. A Palerme, ils logent dans le Musée Archéologique à demi démoli; superbe et libre découverte des collections entassées pêle-mêle dans les salles. Obligés d'interrompre le voyage, qu'ils avaient l'intention de pousser jusqu'en Afrique, ils sont rapatriés en train jusqu'à la frontière française.
Ce voyage à pied (ou en auto-stop) dans l'Italie à peine sortie de la guerre est pour Brô d'une importance capitale. La découverte des mosaïques byzantines de Ravenne, de l'école siennoise et surtout de Lorenzetti, Piero della Franscesca, Giotto, Fra Angelico, Cimabue... boulverse et renforce à la fois sa vision esthétique.

1950 : Avec Hundertwasser, Brô réalise une peinture murale Pays des hommes, des arbres et des oiseaux à Saint Mandé, près de Paris, dans l'ancien hôtel particulier de la comtesse Castiglione, propriété de la famille Dumage qui héberge Hundertwasser. Déplacée lors de la destruction de l'hôtel en 1964, elle se trouve actuellement à la synagogue réformée de Long Island, New-York. Ensemble, ils peignent aussi une série de panneaux sur isorel, La pêche miraculeuse, aujourd'hui au Kunsthaus de Vienne (Musée Hundertwasser).

Leur livre de chevet est à l'époque un livre technique de Max Dœrner sur la peinture. Cette lecture les conduit à préparer eux-mêmes leurs toiles et à broyer les pigments purs qu'ils achètent chez un droguiste industriel, Carbonel, face à Notre-Dame.

1951 : Travaille et peint dans le midi à Ramatuelle, près de Saint-Tropez. Il s'installe à "L'Eremo", cabanon qu'il passe plusieurs mois à reconstruire, où Micheline vient le rejoindre. Fréquente Henriette Niepce, qui lui ouvrira sa galerie pour une première exposition personnelle de peintures sur soie et de foulards (Paris 1952), le jazzman Dombias, le peintre Ernst Fuchs, l'astrologue philosophe Jean Carteret, Tristan Tzara, Boris Vian, Georges de Solpray, qui lui donne à lire l'une des premières traductions du journal de Ninjinski, le peintre Arnal et nombre de figures de Saint-Germain-des-Prés. Rencontre aussi le jeune pianiste et compositeur René Valentinelli et le peintre Suisse Elisabeth Kihm qui acquiert plusieurs de ses œuvres.

Cherchant à échapper au service militaire, se retrouve enfermé à l'asile psychiatrique d'Andernach en Allemagne et fait la connaissance de François Truffaut qui s'y trouve pour les mêmes raisons. Pour se distraire, ils font des joutes de mémoire.Ils garderont par la suite des contacts épisodiques.

1952-1953 : A son retour, reprend l'atelier de l'impasse des Sureaux, petite maison entourée d'un jardin où il accueille plusieurs artistes dont Hundertwasser et Ernst Fuchs, qui y vivront un certain temps. Hundertwasser y peint sa première spirale. Fuchs initie Brô à la gravure sur cuivre et à différentes techniques picturales traditionnelles (fond au casa arti, tempera à l'œuf, glacis...)
 
Mariage avec Micheline à Saint-Tropez.(Octobre)

1954 : Naissance de son fils Xavier.

Première exposition personnelle à Paris au Centre Saint-Jacques dirigé par le père Vallée, dominicain. L'exposition est organisée par Julien Alvard à qui Alain de Christen avait présenté Brô. Ce critique d'art, qui écrit régulièrement dans "Cimaises", continuera de le soutenir fidèlement.

1955 : Participation à l'exposition "Peintres nouveaux", organisée par Julien Alvard à la galerie Rive Gauche, Augustinci, Paris. Avec Arnal, Calmette, Castro, Dmitrienko, Maryan.

1956 : S'installe place Dauphine à Paris. Son atelier, au sixième étage, donne sur la Seine.

Exposition de groupe chez Paul Facchetti, Paris.

1957 : Participe au "Micro-salon" à la galerie Iris Clert, 3 rue des Beaux-Arts. Iris Clert avait vu un tableau de Brô chez Julien Alvard et celui-ci les avait mis en contact. Il entre ainsi dans l'une des galeries parisiennes les plus remuantes de la fin des années cinquante. C'est là qu'exposeront aussi Yves Klein, Tinguely, Takis, Arman à leurs débuts et qu'auront lieu les évènements fondateurs de leur carrière. Le "Micro-salon" parodie avec humour les salons officiels de l'époque. Il accueille un cinquantaine d'artistes, chacun devant donner, vu l'exiguité des lieux, un "micro-tableau" de O figure. Parmi les exposants: Alechensky, Appel, Arp, Arman, Baj, Benrath, Bryen, Dali, César, Corneille, Max Ernst, Klein, Fautrier, Fontana, Gromaire, Hartung, Habbah, Hundertwasser, Jorn, Kricke, Laubiès, Manessier, Michaux, Mubin, Penalba, Picasso, Pignon, Quentin, Marie Raymond, Rioppelle, Singier,Takis, Dorothea Tanning, Tinguely, Tsingos, Vasarely, Wilfredo-Lam...

Exposition du "Micro-salon " à la galerie Tartarruga à Rome.

1958 : Exposition personnelle "Le dernier des arcadiens" chez Iris Clert, présentée par Pierre Restany (texte latin). Le peintre Enrico Baj est le premier à échanger un tableau avec Brô. D'autres échanges d'œuvres auront lieu avec Klein, Arman, Berrocal, Franco Renzulli et Hundertwasser. Sigalons également parmi les achats d'artistes, ceux de Hartung, Fontana, Dino Buzzati. Brô est aussi très flatté de l'intérêt que Michaux, dont il admire beaucoup l'œuvre, porte à sa peinture. Deux évènement notables chez Iris Clert cette année-là: "le vide" d'Yves Klein (auquel répondra deux ans plus tard "le plein" d'Arman -"les accumulations", oct. 60)  et " Vitesse pure et stabilité monochrome" de Klein et Tinguely. Brô et Klein vont devenir amis.

Premiers séjours à Courgeron, "petit manoir vétuste" découvert dans les annonces du "Chasseur français". A son arrivée, il n'y a ni chemin, ni eau, ni électricité. Brô consacrera beaucoup de temps à sa restauration.

1959 : En Janvier, entre dans l'ordre des chevaliers de saint Sébastien, parrainné par Yves Klein et le marquis Barillon de Murat. Brô et Klein se rendent régulièrement ensemble aux cérémonies de l'ordre, jusqu'à la mort d'Yves Klein en 1962.

Exposition personnelle chez Iris Clert, "Oeuvres récentes de Brô vendues au profit de la restauration du château de Courgeron". Cette même année, Klein expose ses éponges monochromes en Juin, Tinguely expose en juillet (Meta-matics), Soto en Octobre, Takis en Novembre (Télé-magnétiques).

Mai : naissance de sa fille Anne dont Ernst Fuchs sera le parrain (tandis qu'Iris Clert devient la marraine de Xavier.)
 
Septembre:  exposition à la galerie Charpentier  "l'école de Paris", présentée par Jacques Lassaigne. Brô en réalise l'affiche et expose la "grande pêche miraculeuse" (coll. Benesh, N.Y., USA). Il réalise aussi une lithographie dans les fameux ateliers Mourlot.

Participation à la première Biennale de Paris, Musée d'art moderne de la ville de Paris.

Participation à la Biennale de Turin.

1960: Exposition de groupe "Antagonismes" organisée par Julien Alvard et François Mathey, Musée des Arts Décoratifs, Paris.

 "Paris obsessions": Aeppli, Brô, Fontana, Klapheck, Klein, Soto , Staempfli Gallery, New York, USA. Exposition de groupe des artistes de la galerie Iris Clert chez l'un des grands marchands de New York.

1961 : Exposition personnelle à la galerie Iris Clert , Paris, réinstallée dans un local plus vaste au 28, rue du Faubourg-Saint-Honoré (Juin). Présentation Julien Alvard. Durant les années soixante, Brô participera activement à la vie de la galerie, au "Brain-Trust" avec Yves Klein, Takis, Arman, Tinguely, Bury, Stevenson, puis à la rédaction du journal "Iris-Time". Il signera les "Brô-notes" dans presque tous les numéros d'"Iris-Time" et sera le conseiller le plus influent d'Iris Clert jusqu'en 1968.

Participation au salon d'Art Sacré, Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.

1962: Exposition de groupe à l'université d'Oxford, (Grande-Bretagne).

5 Juin: Naissance de sa fille Sophie.

6 Juin: Mort d'Yves Klein

"Piccola Biennale" organisée par Iris Clert au palais Papadopoli  parallèlement à la Biennale officielle de Venise. l'expositon remporte un grand succès. Acquisition par Peggy Guggenheim de "l'automne à Courgeron". Le tableau, accroché dans son salon, est ainsi présent dans de nombreux reportages sur la grande dame de l'art moderne.

 Dominique de Roux lui commande, pour la revue "l'Herne",un portrait de Bernanos (lithographie).

Réalise chez Cartier pour Iris Clert, une bague "Arbre de vie" (or, diamants, émeraude, rubis.)

Acquisition par le Musée d'Art moderne de New York de "Spring blossoms".

Exposition personnelle à la galerie Iris Clert . Le deuxième numéro d' "Iris-Time", sous le titre "Le référendum: Oui à Brô", parodie le référendum du général de Gaulle. Résultats: " Oui 91%, Non 5%, Abstentions 4% ". A l'occasion de cette exposition, François Pluchart signe dans "Combat" son premier article sur Brô, et s'intéressera plus longuement à sa peinture. Un autre article dans "Arts" est signé Georges Boudaille, le futur organisateur de la Biennale de Paris. Brô est l'un des artistes très en vue dans le Paris de l'année 1962.

Participation à l'exposition "Antagonisme 2", organisée par Julien Alvard et François Mathey au Musée des Arts Décoratifs, Paris. Ce deuxième volet de l'exposition de 1960, présente 500 objets exécutés par des peintres et sculpteurs. Brô y expose le "Secrétaire fantastique", meuble peint.

Paris commence à perdre au profit de New York son rôle prédominant pour l'art moderne.
 
1963 : Participation à "Sculptures de peintres", Galerie Claude Bernard, Paris avec la sculpture en plomb (coll. marquis de Ségur) exposée en 1964 à la Biennale de Venise, pavillon français.

Salon de Mai, Biennale de Paris , Musée d'Art moderne de la ville de Paris,

Salon d'Art sacré, Musée d'Art Moderne de la ville de Paris

"Diabolisme dans l'art", galerie Creuzevault, Paris, exposition organisée par Gérard Gassiot-Talabot. Brô y expose son tableau "Lilith"

Exposition personnelle à la galerie Iris Clert

 "Recent acquisitions", Museum of Modern Art, New York (exposition de son tableau "Spring blossoms")

1964: Brô représente la France à la XXXII Biennale de Venise. Cette exposition bi-annuelle d'Art contemporain, la plus ancienne, a été, pendant les années soixante, le plus prestigieux rendez-vous artistique du monde, plus encore que la "Documenta" de Kassel (Allemagne fédérale), fondée seulement en 1955. Brô a été selectionné par Jacques Lassaigne et occupe avec 11 peintures et une sculpture une salle entière du pavillon français. Le texte sur Brô dans le catalogue est signé Gérard Gassiot-Talabot. Autres artistes français: Bissière, Dufour, Gonzalez, Ipoustéguy. Bisssière avait été présélectionné pour le Grand Prix de la Biennale. Mais c'est finalement Robert Rauschenberg qui l'emporte, évènement qui consacre la victoire de la place de New York.
 
Participe à la Biennale flottante d'Iris Clert, Venise, (Juin).Un bateau amarré au quai de la Giudecca, face à San Marco, sert de salon d'exposition.

Participe à l'exposition Nieuwe-Realisten, au Haags Gemeentemuseum, La Haye, Pays Bas, avec "L'hiver à Courgeron"(Juin). Le journal de cette exposition, qui fut décisive pour le triomphe du Pop art et du Nouveau Réalisme, présente Brô parmi les ancêtres du Pop art, à côté de Jean Dubuffet.

1965: S'installe à la Pomponnette, Pomponne, à 25 Km de Paris. Il y dispose d'un atelier dans un parc boisé, à l'écart de la maison familiale. C'est là qu'il peindra certaines de ses plus grandes compositions comme "Escale des Argonautes à l'île Lemnos"(1,80 X 2,40) ou "Combat d'Achille et d'Hector".

Participation au Salon"Comparaisons", Paris et à l'exposition "Les Néo-Individualistes" , Institut français de Berlin, organisée par la galerie Iris Clert

Particiption à l'exposition "Pop art" au Palais des Beaux Arts , Bruxelles, une version modifiée de l'exposition d'Amsterdam de 1964. Brô rencontre Peter O' Toole qui deviendra un de ses collectionneurs, et entre dans la collection du duc et de la duchesse de Windsor.

En octobre, l'occasion de l'exposition de Raymond Hains,"Seita & Saffa"(exposition des allumettes), Brô écrit dans le n° 21 d'"Iris-Time" un Brô-notes intitulé :"La pyromanie: un sport populaire".

"Golden Landscapes", exposition personnelle à la galerie Iris Clert, Paris (nov.) Dans le  numéro 22 du "Iris-Time": deux textes de Brô ("L'or des collectionneurs" et le "Bureau de placement des peintres"); des textes d'Iris Clert, Peter O' Toole et Marie-Laure de Noailles. A cette occasion Jean Grenier écrit un article important sur Brô: "Un dandy campagnard", publié dans le Nouvel Observateur du 16 Février 1966.

Exposition de la collection Guggenheim à la Tate Gallery de Londres (dans laquelle figure "L'automne à Cougeron"); reprise ensuite à Stockholm.

Visite à Negrar chez Berrocal dans sa magnifique propriété dominant Vérone. Brô et Micheline font faire une périlleuse traversée des Alpes au "secrétaire fantastique" amarré sur le toit de la 2 CV. Berrocal projetait d'en faire une édition à tirage limité, en modèle réduit. Au cours de ce séjour, ils échangent deux de leurs œuvres.

1966: Exposition de groupe "Iris, cent ans de futur 1956-1966", galerie Buren, Stockholm (avec Fontana, Klein, Van Hoeydonck, Takis, Kriecke).
Sous le nom d'Abd-el-Brô, Il signe un conte arabe pour l'exposition de Habbah qui "a fait une bonne action en donnant à des fourchettes et des cuillères figure humaine" (Iris-Time n° 24)

Premier voyage aux Etats-Unis où il accompagne Iris Clert pour la French Fortnight à la Neiman Marcus Gallery, Dallas (USA), Octobre. Exposition de groupe sur le paquebot, organisée par Iris Clert. Pour l'occasion, elle sort un numéro spécial d'"Iris-Time" en anglais: "Special edition for USA. The most advanced gallery in the world on the fastest liner on the seas" (Iris-Time n° 26) "Brô as a new Chritopher Colombus" (page 2)

Première exposition personnelle dans un musée: Gallery of Modern Art, Scottsdale, Phœnix, Arizona (USA), Novembre.

De retour à New York, Brô loge à l'hôtel Chelsea. Il rencontre Andy Warhol et va à la "Factory". Malgré l'accueil flatteur et les nombreuses réceptions données en leur honneur, Iris et Brô passent des moments éprouvants. A court d'argent, ils ne peuvent ni quitter New york ni payer leur note d'hôtel qui croît de jour en jour. Leurs rapports deviennent très tendus et ne seront plus les mêmes ensuite. Finalement les collectionneurs se décident et les choses s'arrangent. L'un d'eux, un banquier français de New York, met à la disposition de Brô un luxueux appartement à Manhattan. Il retrouve son ami et collectionneur le poète Menash Weisberg, connu quinze ans plus tôt à Paris et le scupteur Mathias Gœritz qui avait exposé ses "Pyramides" chez Iris Clert. Rencontre marquante avec Marcel Duchamp qu'il revoit à plusieurs reprises au cours de son séjour.

1967: A son retour en France, il se rend à Cannes où la famille s'est  installée pendant son absence et fait plusieurs aller et retours entre Cannes et Paris. Il loge à Saint-Germain, à la "Louisianne", hôtel légendaire du Paris artisique d'après guerre où habitent des mannequins, des poètes beatnik américains et des peintres dont Wols et Ernst Fuchs; endroit où il a régulièrement séjourné depuis la fin des années cinquante. Se promenant insomniaque dans les rues de Saint-Germain, il retrouve souvent Raymond Hains. Ils arpentent ensemble le quartier pendant de nombreuses nuits.

Période de dépression. L'aggravation de son état nécessite une cure de sommeil à la clinique du château de Villebouzin. Le directeur de cet établissement accepte un tableau en paiement après avoir vu une émission sur Brô à la télévision.

A sa sortie, il prépare à Pomponne l'exposition de Bruxelles qui aura lieu l'année suivante.

1968 : Janvier exposition personnelle à la galerie "la Balance", Bruxelles,  organisée par M. Jansen.

Participation à l'exposition de groupe "Aspects de la figuration depuis la guerre"  au Musée de Saint-Etienne (France) organisée par Maurice Allemand et Bernard Ceysson.

A Pomponne en Mai, vit de près les évènements dans l'Odéon et la Sorbonne occupés. En fait le commentaire ironique dans le Brô-notes.

Mort de son père.

Participation à la première édition de "Prospeckt" Düsseldorf, Allemagne. Cette deuxième initiative d'une foire internationnale d'art contemporain après le "Kunstmarkt" de Cologne, lancé en 1967, organisée par le galeriste Konrad Fischer et le collectionneur Hans Strellow, réunit les galeries d'avant-garde de l'époque. Iris Clert y présente entre autres Brô (avec Stevenson, Rieti, de Maria, Adzak, Meylan, Monchâtre, Uriburu). Aujourd'hui cette exposition-foire est devenue légendaire pour avoir été l'une des premières expositions d'art conceptuel et de land art.

Première installation à Venise, Ca' Mosto à la Giudecca, puis à Casa Maria où l'avait d'abord accueilli Hundertwasser qui vit là depuis plusieurs annnées. D'autres artistes y habitent également parmi lesquels  Franco Renzulli avec qui Brô va se lier d'une amitié durable.

Il rencontre à Venise un accueil chaleureux et le marché de tableaux s'y porte beaucoup mieux qu'en France. Il trouve des collectionneurs nombreux et fidèles.

Citons parmi les amis qu'il fréquente à Venise: Puppa Riolfo qui sera la première à lui rendre hommage après sa mort par une exposition dans sa galerie proche de la Ca' Rezzonico, Franco Renzulli déjà nommé, l'architecte Horst Weitermeyer, et plus tard, lors de son exposition à la galerie Meneghini, Pekki Groult, autre "normande" expatriée. Il y revoit aussi Hains, le sculpteur Habbah et Zoran Music.

Pris par le charme de la ville et par l'accueil qu'il a reçu, il y passera une grande partie de l'année jusqu'en 1978, partageant le reste de son temps entre Pomponne, Courgeron et quelques voyages en Méditerrannée à bord du "Regentag", le bâteau de pêche qu'Hundertwasser a acheté en Sicile et restauré.

La "Colomba", sorte de temple de l'art contemporain et de la gastronomie, est un lieu privilégié de rencontre. Brô y avait déjà eu table ouverte au moment de la Biennale de 1964. M. Deana, le patron collectionneur, y accroche les nombreux tableaux qu'il a achetés ou échangés.

"On s'est vu très souvent à Venise, se rappelle Raymond Hains, nous avons souvent déjeuné ensemble à la "Colomba". On parlait beaucoup d'Iris. Il y avait aussi - j'ai oublié son nom - quelqu'un qui s'occupait des verres de Murano" (Il s'agit du comte Fortuna chez qui Brô avait réalisé une coupe-poisson.)
"J'aimais profondément Brô pour sa vivacité d'esprit. C'était quelqu'un de très drôle, intelligent, aimable. Avec son idée de la peinture ou du retour de la peinture - là , je n'étais pas d'accord" (Raymond Hains à Robert Fleck, 1996)

1969 : Exposition personnelle galerie Iris Clert,  "Brô, peinture".

1971 : Catalogue de lithographies à grand tirage. Editions "Unida", La Haye, Pays-Bas. Brô  y apparaît à côté de Thomas Bayrle, autre exposant de "Prospekt" en 1968, de Folon, Gribaudo, Man Ray.

1972 : Exposition personnelle à la Kiko Gallery , Houston, USA. Travaille à Courgeron. Kung, le directeur de la galerie, a donné une avance lui permettant de préparer tranquillement l'exposition. C'est le premier contrat de Brô avec un marchand.

Après l'exposition, il traverse le sud des Etats-Unis en car "Greyhound", va jusqu'au Mexique et au Guatémala. Il entre en contact direct avec les indiens dont il a étudié les œuvres vingt ans avant au musée de l'homme. Il avait rencontré en 1966, lors de son premier séjour aux USA, le grand spécialiste des indiens Paul Coze et vu ses riches collections.

La mort du directeur de la fameuse Phillips collection de Washington fait échouer un projet d'achat et d'exposition.

Exposition de groupe à la galerie Talien à Saint-Tropez, organisée par Iris Clert.

Exposition de groupe "Iris Clert-group-show" au Studio S à Venise (Adzac, Brô, Bauzil, de Maria, Fièvre, Montchâtre, Rieti, Stevenson, Uriburu, Takis...).

Iris Clert quitte sa galerie du faubourg-Saint-Honoré pour la rue Duphot. Commencent les expositions itinérantes dans le Stradart, camion transparent dans lequel elle expose les œuvres de ses artistes.

Exposition à la galerie Meneghini, Venise, préfacée par Guglielmo Gigli, critique Italien de renom, également le secrétaire de la galerie à ce moment. Meneghini est à l'époque le marchand des peintres abstraits Hans Hartung et Pierre Soulages à Venise ainsi que de Zoran Music.

De Venise, Brô espère pouvoir continuer de gérer les rapports avec le milieu de l'art parisien et internationnal mais les liens commencent à se distendre. Son succès social à Venise et les demandes d'achats de la part des collectionneurs locaux ne font que renforcer son isolement relatif. Mais sa peinture profite, notamment pendant les premières années, de cette retraite créative. Et rien n'exclut à priori un retour à Paris comme d'autres artistes l'effectueront après un exil artistique et économique semblable.

1973: Exposition personnelle à la galerie Oppidum de Raymond Cordier. L'invitation, tirée à 1OOO exemplaires numérotés se présente sous la forme d'une boîte de carton sur laquelle figure la reproduction du tableau "Minerve". C'est par Raymond Cordier qu'une deuxième oeuvre de Brô est entrée dans la collection Pompidou. Brô connaissait déjà Raymond Cordier depuis plusieurs années. Plus qu'un marchand, il est pour lui un ami. Il l'invite souvent dans son moulin du Lot. Passionné d'archéologie gauloise, il l'entraîne dans des fouilles aux quatre coins de la France. Il le met en relation avec nombres d'amis et de collectionneurs. Dans ce groupe bon vivant figurent le producteur Anatole Dauman, le cinéaste Chamouni, l'explorateur Isy Swartz et Nicole Gervais-Dhéran qui va acquérir plusieurs de ses œuvres dont le "Secrétaire fantastique" et entretenir avec lui des relations durables.

1974 : Exposition personnelle à la Galerie Anderhub, Ars Viva, Zurich, organisée par Peter Hellstern.

1975 : Peint à Venise. Navigue sur le Regentag. Une série d'expulsion d'artistes commence à menacer le séjour de Brô dans la Casa Maria.

1976 : Exposition personnelle à l'Euroart Stadt Galerie à Vienne (Autriche), organisée par l'intermédiare d'Hundertwasser, comme plusieurs autres au cours de la décennie suivante. Tirage d'une lithographie (Femme au paysage) à 2500 exemplaires.

1977 : Exposition personnelle à la Galerie Amstutz, Zurich (janvier).
Participe à l'Hommage à Julien Alvard, organisée par Benrath au Château d'Ancy le Franc (juin-septembre) avec Dubeffet, Hartung, Fautrier, Wols, Sam Francis, Matta.
Exposition personnelle à la Galeria d'Arte Gigli, Mestre (Venise).
Apartir de 1977, sa fille Anne, après avoir étudié le dessin et la peinture chez Ernst Fuchs à Vienne, fait de fréquents séjours à Venise, elle commence à travailler avec son père, l'aidant à la préparation des fonds, des couleurs, à la mise en place...un peu de l'esprit des élèves des "botteghe" de la Rnaissance. Elle l'aide aussi pour la préparation des expositions.

1978 : Séjour avec Hunderwasser au moulin Hahnsäge au Waldwürtel, région autrichienne frontalière de la Tchécolosvaquie. Le froid extrême, moins 20°, ne les empêchent pas de peindre. Brô y peint "La Vierge à l'enfant" (coll.Harel).
Brô perd son atelier du premier étage de la casa Maria. Il est relogé à l'arrière du bâtiment dans un atelier plus petit qui lui convient beaucoup moins. Il passera désormais moins de temps à Venise.

1979 : Mort de sa mère.

1980 : Exposition personnelle à la Galerie Hammerlund, Oslo, Norvège. Le dépliant, en norvégien, sert également pour les expositions personnelles dans les galeries Oddvar-Olsen, Drammen, et J. Aasen, Alesun (août).

1981 : Voyage en Inde et au Népal en compagnie d'Hundertwaser qui l'a invité à l'accompagner. Brô, qui s'intéresse à l'Hindouisme, visite de nombreux temples. Il se baigne dans le Gange à Bénarès et boit de son eau selon la coutume.
Ils rejoignent ensuite le Regentag et naviguent jusqu'en Nouvelle-Zélande. Séjour chez Hundertwasser, Maison des Bouteilles à Bay of Islands.
"René Brô, recent paintings", exposition personnelle, Baumgartner Galleries, Washington DC (avril). L'exposition rencontre un succès remarquable. De nombreuses toiles entrent à nouveau dans les collections publiques et privées américaines. Il y aura une deuxième exposition un an plus tard.
Retour à Venise pour exécuter chez Fallani deux sérigraphies (éditées à 200 exemplaires) pour Michæl Gore Find Arts, Chicago.
En septembre, retour à Courgeron où il passe une partie de l'hiver.

1982 : Brô doit définitivement quitter la casa Maria. Hundertwasser lui prête une petite maison dans le jardin de la "Villa" qu'il a achetée en 1975 (Jardin Eden). Mais Brô ne reste pas à Venise. "L'expulsion de son atelier était pour lui une véritable blessure dont il ne s'est jamais remis" (Franco Renzulli à Robert Fleck, 1996).
"René Brô, tour du monde, recent paintings", deuxième exposition personnelle à la Baumgartner Galleries, Washington D.C.(septembre).
Voyage aux Etats-Unis, Nouveau Mexique.
Peint à Courgeron et rue Galande près de l'Eglise Saint-Julien-le-Pauvre, dans un appartement prêté par Hundertwasser où avait également habité Ernst Fuchs.

1983 : Long séjour à Courgeron, ponctué de retours à Paris.

1984 : "Brô à Tahiti", exposition personnelle au Musée Gauguin à Tahiti (novembre) organisée par Gilles Artur. L'exposition Brô marque l'inauguration du centenaire de la venue de gauguin à Tahiti et le 20ème anniversaire de l'ouverture du Musée. Catalogue avec texte de Gilles Artur, Julien Alvard, Hundertwasser, 15 reproductions en couleurs; cartes postales, éditées par Joram Harel, l'agent d'Hundertwasser. Rencontre Marie-France Valois avec qui il réalise plusieurs travaux en commun (tapisseries rehaussées de peinture et de bois flottés peints), exposés à Tahiti en 1985 (juin).
Tahiti est pour son œuvre une source d'inspiration nouvelle.

1985 : Il participe avec le "Secrétaire fantastique" à l'exposition "France 1950, vingt pièces majeures", Galerie 1950, rue Mazarine, Paris, avec Adnet, Buffet, Guariche, Mouille, Noll, Perriand, Prouvé, Royère...
Hiver à Courgeron dans la neige, peint la Promenade en hiver (reproduite dans le catalogue).
Séjour à Paris.
Mort de Raymond Cordier à l'enterrement duquel il retrouve Iris Clert.

1986 : Deuxième voyage à Tahiti, puis à Los Angeles et  en Nouvelle Zélande en compagnie d'Hundertwasser et de Marie-France Valois.
Mort d'Iris Clert (juillet). Brô est très affecté par les morts si rapprochées de ses deux marchands et amis.
Passe l'été en famille à Courgeron.
Un projet d'exposition à l'Albertina, le prestigieux d'art graphique de Vienne échoue en raison du départ de son directeur, Walter Koschatzky (celui-ci avait connu Brô et acquis une de ses toiles dès le début des années soixante).
participation à l'Hommage à Iris Clert, Acropolis, Nice. Arman ne parvenant pas à contacter Brô, prête un tableau donné par lui lors d'un échange.
Fin novembre, Brô est à Courgeron en compagnie de sa femme, il peint sa dernière œuvre "Le dernier". Brô doit se rendre à Zürich pour un projet d'exposition. Il meurt subitement le matin du 6 décembre à 5 heures au coin de la rue Lagrange à quelques pas de la rue Galande. N'ayant pas de papiers sur lui, il n'est pas identifié. A Noël la famille s'inquiète. les recherches entreprises n'aboutiront qu'un mois plus tard. Une cérémonie religieuse a lieu le 15 janvier en l'Eglise catholique grecque de Saint-Julien-le-Pauvre à Paris.
 
 

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